Le père Frère est recteur du sanctuaire du Laus depuis le 1er septembre 2014, après avoir assuré plusieurs années la charge de curé de la paroisse Saint-Roch à Gap. Né en Allemagne en 1974, Ludovic Frère étudie à HEC, avant d’entrer au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. Envoyé ensuite à Rome, où il a connu Mgr di Falco, il est ordonné prêtre le 9 mai 2002 pour le diocèse de Genève. Il s’emploie aujourd’hui à faire connaître et rayonner le sanctuaire de Notre Dame du Laus et son message de miséricorde.
Il est aussi vicaire général du diocèse de Gap et d’Embrun.
0:08 Comment gérer notre rapport au TEMPS
1:21 Le temps, une vocation
2:36 Évangéliser notre temps
3:17 Habiter le présent
4:54 En pratique
0:08 Comment gérer notre rapport au TEMPS
Comment gérer notre temps de manière chrétienne, ou plutôt comment évangéliser notre rapport au temps?
C’est d’abord une question de foi, c’est-à-dire de reconnaître que le temps n’est pas notre ennemi, pourtant il faut bien reconnaître aussi que c’est souvent le vocabulaire que l’on emploie : le temps, cet ennemi après lequel on court, j’ai pas le temps, je perds mon temps…ou alors, quand on en a trop : il faut que je tue le temps. On a rarement un rapport positif au temps, et sans doute s’agit-il d’abord de convertir notre temps, pour reconnaître qu’il n’est pas l’ennemi après lequel nous courons en permanence, mais qu’il est d’abord une grâce et un don de Dieu.
1:21 Le temps, une vocation
On peut se lever de deux manières le matin, soit en disant « j’ai ça et ça à faire, j’y arriverai pas », soit en disant « Seigneur merci pour ce jour nouveau, ce temps que tu m’offres, je vais tout faire pour l’habiter ».
Et donc convertir le temps d’ennemi en grâce, c’est d’abord reconnaître que le Seigneur nous donne assez de temps, c’est la première conversion: le Seigneur nous donne suffisamment de temps pour faire ce qu’Il attend de nous. Si on est en permanence sous le stress du temps, il faut peut-être s’interroger, il y a sans doute des choses que le Seigneur nous demande de ne plus faire.
2:36 Évangéliser notre temps
La deuxième grâce du temps, c’est de reconnaître que le Seigneur nous a donné une conception du temps, on trouve ça dans l’Ecclésiaste au chapitre 3, après cette fameuse litanie « il y a un temps pour tout, un temps pour construire, un temps pour détruire, un temps pour jeter des pierres, un temps pour ramasser des pierres… ». L’Ecclésiaste conclut en disant « Dieu a mis dans la durée de l’homme toute la perception du temps et pourtant celui-ci est incapable d’embrasser toute l’œuvre que Dieu a faite, du début jusqu’à la fin. » Autrement dit la perception du temps n’est pas une catastrophe pour nous, c’est une vocation. Les arbres n’ont pas une perception du temps, même mon chat a une perception du temps toute relative, tandis que nous, êtres humains, nous avons reçu cette capacité à saisir le temps, et même à être capable de percevoir l’éternité, pour la désirer. Et donc reconnaître le fait que nous soyons dans cette conception d’un temps, comme le dit l’Ecclésiaste « Dieu a mis dans l’homme toute la durée du temps, et l’homme est incapable d’embrasser toute l’œuvre que Dieu a faite. » Et il nous faut accepter cette vocation de percevoir le temps, et en même temps, de ne pas tout en saisir.
3:17 Habiter le présent
Pour évangéliser notre temps il faut d’abord, certainement, évangéliser notre passé. Et on entendra Jésus nous dire « celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » Seule manière d’évangéliser notre passé, c’est de confesser le mauvais passé et tout déposer dans les mains du Seigneur.
Ensuite il nous faut évangéliser notre futur, et pour cela nous avons une clé, une grâce, c’est l’Espérance. C’est le Pape Benoit XVI, dans sa magnifique encyclique sur l’Espérance qui nous dira que l’Espérance ce n’est pas simplement attendre pour après, mais ce sont les biens futurs qui se déversent déjà dans les biens présents.
Et c’est pourquoi évangéliser notre temps c’est aussi vivre le présent. Tous les grands saints nous l’ont dit : Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus « rien qu’aujourd’hui », Saint Jean XXIII dira « rien qu’aujourd’hui j’essaierai de ne pas résoudre tous les problèmes de ma vie. » Déjà si on accueille cette prière et qu’on essaie de la vivre. Et pour vivre le présent nous avons une clé, c’est Jésus au Saint-Sacrement, la présence réelle – vous vous rendez compte? Quand nous sommes vraiment là devant Jésus, nous pouvons vraiment habiter le présent et donc rencontrer Celui qui l’habite totalement. Evangéliser notre présent c’est la clé de la vie, tout simplement. Le seul moment que nous vivons, c’est le moment présent. Le passé nous ne le vivons plus, le futur n’existe pas encore, le Seigneur nous appelle à vivre notre présent. Evangéliser notre temps, c’est d’abord habiter le présent. Et ensuite, dans un deuxième temps, on peut envisager des méthodes de gestion du temps. La plus importante c’est d’arriver à distinguer l’urgent de l’important, surtout dans le monde d’aujourd’hui, et avec les moyens actuels de communication et d’information, on se laisse prendre par l’urgence et on oublie l’important. Il serait rarement important de prier…sauf quand tout à coup on rate un virage et que la prière devient alors urgente! Et pourtant qu’est-ce qu’elle est indispensable. Il est rarement urgent de dire à quelqu’un qu’on l’aime, et pourtant si on manque de le faire on manque tout simplement de vivre.
4:54 En pratique
Arriver à distinguer l’urgent de l’important ça nous oblige à trois attentions :
Premièrement, renoncer aux objets chronophages, ils sont terribles ces objets de communication, qui sont utiles par ailleurs, mais qui peuvent nous prendre beaucoup de temps : sur internet on peut passer des heures et des heures!
Deuxièmement, savoir dire non. Mais ce n’est pas évident de renoncer, car quand on dit oui c’est toujours gratifiant. Pourtant parfois il faut savoir dire non.
Et troisièmement, reconnaître qu’on est mortel. Et quand on prend la mesure du fait que notre vie sur terre c’est quelques années, relisez les psaumes « quelques années qui sont comme un souffle, la vie humaine fleurit le matin, elle change et le soir elle est fanée, desséchée. » Quand on prend conscience de notre juste place dans la réalité humaine, à ce moment-là on peut très sereinement envisager l’avenir.
Je vous souhaite de bien évangéliser votre temps, de manière sereine, sous le regard du Seigneur, avec l’aide de Marie qui a pleinement vécu le temps présent.