Pontmain : un message d’espérance
« Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps *
Mon Fils de laisse toucher »
Le 17 janvier 1871, l’invasion allemande déferle vers la Loire. Le village de Pontmain, cinquante kilomètres au nord de Laval, est menacé.
Peu avant dix-huit heures, Jeannette Détais, l’ensevelisseuse, apporte aux Barbedette des nouvelles des soldats. Eugène en profite pour faire la pause et observer « les signes dans le temps » : le ciel est limpide, étoilé, et la neige couvre les toits. Du côté de la Grande Ourse, au-dessus du toit de la maison Guidecoq, voici une silhouette humaine : robe bleue parsemée d’étoiles d’or ; un sourire dans le ciel ; les mains de cette femme sont un geste d’accueil. Eugène est saisi et déconcerté : « Je la regarde, et elle me regarde », dira-t-il.
Arrivent Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé : deux filles de l’école. Elles voient et battent des mains, joyeuses comme les garçons : « Oh la belle Dame ! »
On avertit le curé, l’abbé Guérin qui arrive inquiet. La prière s’est déjà improvisée.
Deux tout-petits regardent aussi avec un sourire ravi. Les voyants signalent alors : « V’là d’què qui s’fait » (quelque chose se fait). Un cadre s’est formé autour de l’apparition, une sorte de mandorle, ornée de quatre bougies à l’intérieur. Une petite croix rouge est apparue à l’endroit du cœur. Il y a maintenant plus de cinquante personnes : « V’là qu’elle tombe en humilité » (c’est-à-dire en tristesse), dit Eugène.
Une banderole apparaît dans le ciel, horizontalement :
«Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps *
Mon Fils se laisse toucher.»
L’apparition confirme la phrase d’un sourire.
La croix dans le ciel
Le message est terminé, mais voici un nouveau signe : les enfants le décrivent :
« Un grand crucifix apparaît dans le ciel. Notre-Dame le tient devant elle, à deux mains, légèrement incliné. Une croix d’environ 40 centimètres », ont-ils évalué.
En haut, un écriteau est fixé :
« JESUS-CHRIST »
rouge, couleur du sang versé durant la Passion et aujourd’hui dans la guerre qui déferle. La foule chante le Parce Domine : Epargne, Seigneur ! La tristesse devient plus profonde sur le visage de l’apparition. Une étoile monte dans le ciel et vient allumer successivement les quatre bougies. Notre-Dame salue cette lumière d’un nouveau sourire. Il est environ vingt heures trente :
« Faisons tous ensemble la prière du soir, »
demande le curé. Pendant l’examen de conscience, avant l’acte de contrition, une dernière phase commence : un grand voile blanc apparaît aux pieds de la Vierge. Il monte lentement devant elle et la cache progressivement, de bas en haut.
Alors, chacun rentre chez soi, dans le recueillement et l’espérance. L’angoisse de la guerre s’est évanouie, les Prussiens ne viendront pas à Pontmain. Tous les soldats du village reviendront successivement sains et saufs. La joie est profonde et discrète.
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